juin 2009
  • P2h Roland Garros 2009 CD GP 31-05-09 (photo Dr Rush)

    P2h Roland Garros 2009 CD GP 31-05-09 (photo Dr Rush)

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Dimanche 7 juin - Interview rétrospective de P2h après sa déconvenue en simple et en double à Roland Garros

Date de l'événement : 07/06/2009

Publié le : 28/04/2014



Pierre-Hugues, quel a été ton ressenti à chaud sur le match, avant, pendant et après ?


Je suis arrivé sur le terrain un peu hésitant. J'étais assez bien mentalement, plutôt en confiance. Je me disais évidemment : c'est ton dernier Roland Garros Junior, il faut faire quelque chose de bien dans ce tournoi. C'est vrai que j'ai donc ressenti de la pression, d'autant que j'avais toute ma famille autour de moi, et beaucoup de proches qui étaient là aussi. J'avais derrière, dans l'axe du court, un kop d'environ 30 supporters. D'ordinaire, je tente de rester assez cool et fataliste avant les matches, puisque, de toutes façons, sur le court, on ne sait jamais vraiment ce qui va se passer. Mais là, j'étais clairement plus inquiet que d'habitude. J'ai bien démarré, mais dès les premiers ratés, j'ai plutôt coincé. Et je me suis retrouvé à jouer en dedans, inhibé, sans trop lâcher mes coups, jusqu'à 6/2 5/2 pour Pereira. Après, c'est l'instinct de survie qui a parlé, et le soutien du public, de mes supporters qui m'ont permis de ne pas baisser les bras et de revenir dans la partie. J'ai égalisé à un set partout, et je me sentais assez bien parti au 3e, mais, à 2/1 pour lui, une violente douleur à l'estomac m'a subitement pris et m'a empêché de défendre mes chances jusqu'au bout. Après, non seulement je souffrais le martyr, mais en plus j'étais anéanti que ça se soit terminé comme ça, sans que je puisse combattre.

Pourquoi as-tu abandonné en double ?


Parce que le lendemain j'avais toujours mal à l'abdomen et que je ne pouvais pas bouger sur le court, tant je souffrais dès que je me mettais en mouvement. En fait, la douleur n'a plus cessé depuis qu'elle est arrivée pendant mon match. La nuit suivante, à cause de cela, je n'ai pratiquement pas dormi. Et tout au long de la journée de lundi, avant mon double qui a débuté à 17h, je suis passé par tous les services médicaux du stade pour savoir ce que j'avais, sans qu'on détecte rien de grave, sinon cette constante contraction abdominale, musculaire et viscérale. Le stress, quoi. Un truc somatique. Quand la tête veut continuer, mais que le corps, lui, vous dit par là qu'il n'en peut plus et qu'il faut tout arrêter, pour lui donner un peu de repos.   
 


En quoi cette expérience-là, et celle des tournois précédents te renforce-t-elle pour l'avenir ?

 

J'ai raté mon tournoi. En gros, je me suis retrouvé K.O. dès la 1ère reprise, direction l'hôpital. C'est un fiasco, mais il y a quand même plein d'éléments positifs. D'abord le fait que l'ambiance était énorme sur mon court pendant mon match, quand j'ai remonté de 5/2 contre moi au second, pour finalement égaliser à un set partout. Au fur et à mesure, il y avait de plus en plus de monde dans les tribunes du N°7 pour venir me voir et soutenir un français. C'est la première fois que je jouais devant autant de public et sur un aussi grand court. Après avoir sauvé 2 ou 3 balles de match, et jusqu'à ce que je remporte le tie-break, c'est devenu complètement dingue. Ça criait dans tous les sens. Je crois que j'avais 800 personnes derrière moi qui me poussaient, me hurlaient leurs encouragements. J'ai fait le spectacle, j'ai fait l'effort pour revenir à hauteur, j'y ai réussi et j'en suis fier. J'ai compris encore un peu plus que mon jeu plaisait aux gens, c'est bien... Mais il faut admettre aussi que ce match, je pouvais largement le gagner sans avoir besoin de faire tous ces miracles. Je ne dois pas monter sur le court juste pour amuser la galerie. On ne gagne pas Roland Garros de cette manière-là. Pereira a perdu derrière contre Renzo Olivo que je venais de battre à Milan. Je dois apprendre de mes erreurs. Être plus sérieux dans ma préparation. Ça pourra peut-être me servir si j'y reviens en tant que pro. Savoir ce que c'est que la pression dans un tournoi de ce calibre, un tournoi du Grand Chelem, où l'on joue en plus devant son public.


Est-ce que tu es déçu avec le recul de la manière dont ça s'est passé ?


Ni oui, ni non. C'est comme ça. Une semaine ça marche, une semaine ça ne marche pas. Une avec de la chance, une où l'on n'en a pas. Les 2 semaines avant, à Milan et Charleroi, ça a marché. Je ne vais pas m'en plaindre. La semaine de Roland, pour l'un de mes principaux objectifs de la saison, ça n'a pas marché. Je me suis planté. Ça arrive. Mauvaise préparation ? Fatigue ? Je ne sais pas. Je pense que ce qui m'est arrivé est normal. C'est humain. Il fallait que ça soit sur mon chemin, celui de ma formation. J'ai ressenti une grosse pression, je n'ai pas vraiment su la gérer, j'étais sans doute déjà fragilisé, et je suis tombé malade. Pour dépasser ce qu'on peut considérer comme une faiblesse, il faut d'abord l'accepter, regarder la réalité en face.
Evidemment, si on observe les résultats, il y a de quoi être déçu. Je ne joue pas bien contre Pereira, je ne suis pas loin de passer complètement à côté du match... Et finalement, je perds en 3 sets, handicapé par un gros pépin physique. Et le dimanche suivant, c'est 2 joueurs que j'ai battus récemment qui parviennent en finale, et qui passent à la télé, alors que moi je suis à Strasbourg et que je joue à 1/6 en Interclubs.


Comment envisages-tu à partir de là le reste de ta saison ?


Commencer par aller apprendre à jouer sur gazon. Objectif : aller au bout à Wimbledon. Prévoir ensuite le voyage à l'US Open. Viser la place de N°1 mondial. Comme Berta vient de le prouver, c'est faisable. Avec sa victoire à Roland Garros, il prend 500 points (250 victoire Grade A + 250 victoire Grand Chelem). Et il se retrouve du coup N°3 mondial, alors qu'il était avant le tournoi à peu près au même classement que j'occupe cette semaine (N°27). Mon but, c'est d'obtenir de bons résultats sur l'ITF Junior, mais également de jouer en équipe de France, pour le Championnat d'Europe individuel et la Coupe de Galea. Et si tout se passe bien, je continuerais jusqu'à fin 2009 le circuit des moins de 18, pour décrocher le titre, ou au moins finir dans les 10.